- SWAMMERDAM (J.)
- SWAMMERDAM (J.)SWAMMERDAM JAN (1637-1680)Naturaliste hollandais qui, bien que destiné à l’état religieux par son père, entre en 1663 à l’université de Leyde pour y étudier la médecine sous la direction notamment de Van Horne et de Le Boë. L’année suivante, il vient à Paris perfectionner ses connaissances en dissection et devient un anatomiste d’une extraordinaire habileté. Il séjourne à Amsterdam, puis il termine ses études à Leyde, où il est reçu docteur en 1667 avec une thèse sur le mécanisme de la respiration Tractatus physico-anatomico-medicus de respiratione usuque pulmonum ), qui contient la description des valvules des vaisseaux lymphatiques et celle d’un thermoscope (perfectionné plus tard par Boerhaave) destiné à évaluer la fièvre des malades.La pratique médicale le rebutant, il poursuit ses recherches sur l’anatomie humaine et animale. Dans le premier domaine, il met au point la formule d’une cire colorée qui, injectée dans les cadavres au moyen de la seringue inventée par son condisciple De Graaf (mais dont il revendiquera plus tard l’idée), permet un meilleur examen des vaisseaux artériels et veineux. En 1672, irrité par la gloire que De Graaf retire de ses travaux sur la génération (sujet qui passionne Swammerdam comme tous les savants de son temps), il adresse à la Royal Society of London Le Miracle de la nature, ou la Constitution de l’utérus féminin telle que Van Horne l’a démontrée (Miraculum naturae, seu uteri muliebris fabrica, notis in Van Horne prodromum illustrata , Leyde, 1672), où il accuse De Graaf d’avoir plagié Van Horne et lui-même. De Graaf sortira vainqueur, mais épuisé, de l’affrontement.Héritier des collections d’insectes de son père, il ne cesse de les enrichir et bientôt il se consacre à leur étude. En 1669, il publie une histoire des animaux privés de sang (Allgemeene verhandeling van de bloedloose dierkens ) où il expose sa théorie de la préexistence des germes et de leur emboîtement. Il divise les insectes en quatre classes, selon leurs métamorphoses et leurs structures; pour chaque classe, il donne une description minutieuse des étapes de la métamorphose et, lorsqu’il le peut, fait l’historique des insectes; il précise également la différence entre la nymphe et l’œuf. En 1675, sa description anatomique des éphémères paraît en néerlandais (Ephemeri vita, of Afbeeldingh van’s Menschen leven; vertoont in de wonderbaarelijcke en nooyt gehoorde historie... ), puis en français (Description anatomique des insectes éphémères ). Mais une rencontre bouleverse sa vie et l’écarte de l’entomologie: celle d’Antoinette Bourignon, Lilloise illuminée, au fanatisme exalté, à la dévotion missionnaire, qui se croit envoyée par Dieu pour réformer le christianisme. Persuadé que ses dissections déplaisent à Dieu, il cesse ses travaux, brûle certains manuscrits en sa possession et se livre ensuite entièrement à la méditation et à l’ascétisme.Ses collections d’insectes sont dispersées aux enchères; Thévenot (ambassadeur du roi de France, que Swammerdam avait connu lors de son séjour à Paris) hérite de ses manuscrits et notes épargnés par le feu. Ceux-ci seront vendus plus tard à Boerhaave, qui, en 1737, en fait paraître une édition latine sous le titre de Biblia naturae, sive Historia insectorum in classes certas reducta, necnon exemplis et anatomico variorum animalculorum examine aenisque tabulis illustrata, insertis numerosis rariorum naturae observationibus (Bible de la nature, ou histoire des insectes ramenée à certaines classes, avec des exemples et l’examen anatomique des différents animalcules, auxquels on a joint de rares observations d’histoire naturelle ). Cette «bible» contient d’une part des descriptions d’une extraordinaire précision (Swammerdam utilisait pour ses dissections de fines aiguilles d’ivoire qu’il affûtait au microscope), d’autre part la publication d’une expérience cruciale réalisée en 1678 devant le duc de Toscane: il a montré, un siècle avant Galvani, que l’on peut provoquer la contraction d’un muscle de grenouille par excitation mécanique de son nerf avec un fil d’argent sur un support de cuivre. Ses planches gravées sont d’une telle précision que Réaumur leur fera de larges emprunts pour ses Mémoires pour servir à l’histoire des insectes .
Encyclopédie Universelle. 2012.